Le cerveau, le ventre et vous.

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second brain
Accrochez-vous. Ce que vous allez lire va peut-être vous étonner et c’est normal. Sachez que tout cela m’étonne tous les jours, depuis des années.
Il est aujourd’hui admis et connu que notre ventre possède un réseau de neurones qui fonctionne de façon pseudo-autonome. Ce réseau nerveux est composé d’environ 200 millions de neurones.

En gros, la quantité de neurones présents dans notre ventre représente la quantité de neurones présents dans le cerveau d’un chat.
D’où le concept populaire de « deuxième cerveau » situé dans le ventre.

Dans un premier temps, je vais vous expliquer simplement cette histoire de « deuxième cerveau ».
Ensuite, je vous parlerai des liens entre ce cerveau et le reste du corps.
Puis, je vous présenterai des hypothèses/techniques thérapeutiques que j’expérimente depuis bientôt 5 ans, en tant que praticien bien sûr, mais également en tant que patient/cobaye.
Si vous me croyez, vous pourrez continuer la lecture et découvrir quelques pistes pour tester et booster votre « intelligence viscérale ». Car qui dit cerveau, dit intelligence et donc potentiellement…ignorance.

1) État des lieux.

Je ne vais pas vous faire un cours de neurologie. Par contre, je compte vous expliquer de façon simple, quelques bases qui vont surement changer/élargir votre vision du corps humain.

– Nous avons des neurones dans le ventre (beaucoup !). Comme dans le cerveau.

Les neurones sont les cellules nerveuses responsables de la transmission d’informations.
•Exemple : Quand vous regardez un paysage, les images que vous voyez sont traitées par l’arrière de votre cerveau (par le cortex visuel situé dans le lobe occipital). Entre vos yeux et votre cortex visuel, des neurones sont là pour assurer la transmission de l’information.

– Ces neurones sont hyper connectés entre eux et forment des réseaux.

L’information entre vos yeux et votre cortex visuel se fait par l’intermédiaire de plusieurs neurones qui communiquent entre eux. Vous avez surement entendu parler des synapses…

Les synapses représentent l’endroit où les neurones se font passer les informations. C’est une porte entre deux neurones.
– Au niveau des synapses, les neurones se font passé des informations grâce à des petites substances chimiques appelées neurotransmetteurs.

Tout va très vite, au moment où vous lisez ce texte, des milliers de neurones sont en train de communiquer entre eux via des millions de neurotransmetteurs.
(Imaginez l’incroyable physiologie de votre système nerveux… )

Les nerfs…

– Les nerfs sont constitués de neurones. Pour être précis, le neurone possède une partie qui ressemble à une longue queue que l’on appelle axone. Ces axones peuvent dépasser 1m de long. Les nerfs de votre bras par exemple, sont constitués de bouts de neurones (nerf = regroupements d’axones/bouts de neurones…)
– Les nerfs ont la même fonction que les neurones : transmettre des informations via un courant électrochimique. Ce courant se déplace à une vitesse de 300000 Km/seconde. (= vitesse de la lumière)

Il en existe 2 types :

1: Des nerfs sensitifs qui vont vous permettre de recevoir des sensations/informations (chaud/froid/pincement/caresses…)
2: Des nerfs moteurs qui vont envoyer/faire passer des informations.

Exemple typique : informations depuis le cerveau jusqu’aux muscles pour qu’ils se contractent.
3: Il y a aussi des nerfs mixtes (la plupart des nerfs en fait) qui font passer des messages dans les deux sens. On dit que ces nerfs possèdent des fibres afférentes et efférentes.

Contrôle-t-on ses nerfs ?

Pas tous. Il y a énormément de nerfs moteurs qui commandent des fonctions que vous ne pouvez absolument pas contrôler par votre conscience. Vous ne pouvez pas, par exemple, contrôler votre sudation, érection ou digestion. Vous ne contrôlez pas non plus vos secrétions hormonales.
Des nerfs/neurones contrôlent tout cela de façon autonome. Cet énorme réseau de nerfs et centres nerveux présents dans tout le corps forme ce qu’on appelle le système nerveux autonome. (Non conscient mais très puissant). Le nerf vague dont on parlera plus loin fait partie de ce système autonome.

2) Liens du deuxième cerveau avec le reste du corps. Passage dans le concret.

Ce sont principalement vos viscères (Estomac, Intestin grêle, colon…) qui contiennent, dans leurs parois, ces millions de neurones.
Ces organes sont aussi en lien avec de nombreuses autres structures.
Liens mécaniques directs :
Premièrement : Ils ne flottent pas à l’intérieur de votre ventre. Tout est attaché par l’intermédiaire de ligaments/fascias, au niveau de votre colonne lombaire notamment. Ainsi, un blocage d’une vertèbre lombaire peut entraîner des tensions digestives. D’où le lien lombalgie-troubles digestifs constatés quotidiennement en consultation…
Réciproque : Une tension viscérale peut aussi entraîner un blocage lombaire. D’où le lien stress/boule au ventre/tensions viscérales/lombalgie… Explication du fameux « J’en ai plein le dos » des gens stressés ?

Liens neurologique avec d’autres zones de votre corps :
Il faut garder en tête que ce deuxième cerveau a pour but principal de commander votre système digestif (motilité des organes, sécrétion d’enzymes digestives…).

Mais il est également influencé par d’autres commandes/nerfs. C’est pour cela que j’ai parlé dans l’introduction d’un fonctionnement pseudo-autonome.
En effet, le réseau de neurones (cerveau) que vous avez dans le ventre est connecté à deux autres groupes de nerfs très importants qui vont l’aider à gérer le fonctionnement de votre ventre.
Les nerfs vagues tout d’abord, qui vont avoir tendance à stimuler l’activité digestive.
Puis les nerfs splanchniques, qui vont avoir tendance à inhiber l’activité digestive. (Pour faire simple…)
Ces nerfs là on des origines différentes. Les nerfs « inhibiteurs » émergent de votre colonne vertébrale (ils se forment à partir de votre moelle épinière) entre les vertèbres dorsale D7 et D12 (Lien blocage du dos-constipation par exemple…)
(regardez on a pleins de nerfs qui naissent de notre colonne vertébrale..)
Le nerf vague lui, (nerf pair, nous en avons deux, un droit et un gauche), « stimulateur », vient directement de votre cerveau. C’est un gros nerf qui sort par un trou sur le côté de votre crane, traverse votre gorge, votre thorax et se termine dans le ventre. Tout le long de son passage, il donne des petites branches pour innerver d’autre organes/muscles.

Votre ventre est donc commandé par 3 centres : le deuxième cerveau (commande locale, 200 millions de neurones), les nerfs splanchniques (commande qui vient du dos/moelle épinière, inhibiteur) et les nerfs vagues (commande qui vient du cerveau/Tronc cérébral, stimulateur).

3) Dysfonctionnements

« Balance is the key of life »

L’équilibre entre ces trois commandes est encore une fois à rechercher. Quand un patient vient pour une douleur de ventre, il n’est pas étonné que je lui touche le dos car je suis ostéopathe. J’aime quand même bien expliquer pourquoi je fais ça…

« La simplicité est la sophistication ultime » _ Henry David Thoreau… (Auteur à connaître)

Voilà ce que je peux parfois raconter en consultation:
« – Tout d’abord il faut savoir que l’ostéopathe recherche des blocages. Ces blocages entraînent des tensions et donc potentiellement des douleurs. Le corps n’aime pas trop les tensions…
Dans votre cas le blocage que vous avez dans le dos a une influence sur votre ventre. En fait, à chaque niveau de la colonne vertébrale, vous avez des nerfs qui émergent et qui vont innerver différente régions de votre corps. La vertèbre qui bloque dans votre dos est en lien avec un nerf qui commande votre ventre. Ce blocage vertébral perturbe à mon avis l’information nerveuse qui passe par ce nerf.
– J’ai donc une vertèbre déplacée qui m’a coincé un nerf dans le dos ?
– Dire qu’une vertèbre est déplacée est un abus de langage qu’utilisent beaucoup d’ostéos pour imager leurs propos. Je préfère parler de blocages articulaires. Mais oui, ce blocage vertébral peut « bloquer » l’information qui passe par vos nerfs. Regardez, on va corriger la vertèbre et vous allez être attentif à ce qui va se passer dans votre ventre. »

Dans 80% des cas, je redonne du mouvement à la vertèbre par une manipulation et le ventre se met à gargouiller/travailler pendant tout le restant de la séance.
La même chose se passe quand on libère des zones de blocage en lien avec le nerf vague.

4) Allons un peu plus loin… Hypothèses personnelles :

1: Dans le ventre comme dans le cerveau, nos neurones communiquent, on l’a déjà vu, par l’intermédiaire de neurotransmetteurs. La sérotonine par exemple, est un neurotransmetteur et est aussi, de par sa configuration moléculaire, considérée comme une hormone. Elle est libérée au niveau des synapses pour que les neurones puissent communiquer avant d’être recapturée par des sortes de mini-pompes. Mais la sérotonine est aussi l’hormone du bonheur.

L’antidépresseur le + connu au monde (Prozac…) a d’ailleurs pour but de limiter la « recapture de la sérotonine » pour qu’on en ait + dans le sang…

95% de la sérotonine produite dans notre corps se fait au niveau du ventre. Je suis persuadé que cette production peut-être optimisée par un bon équilibre de notre système digestif. Je pense que l’ostéopathie (« viscérale » notamment) devrait être intégrée de façon quasi systématique dans la prise en charge de la dépression.

2: Nos deux cerveaux communiquent énormément par l’intermédiaire du nerf vaque et 90% des informations qui passent par ce nerf vont du deuxième au premier cerveau. Notre tête est donc en permanence informée de ce qui se passe dans notre ventre.
Si on creuse un peu (Cf cours de neuro-anatomie), on s’aperçoit que le nerf vague est en relation très intime avec la partie émotionnelle du cerveau (Système limbique*).
Ma théorie (exposée lors de ma soutenance de mémoire de fin d’étude en Juin 2013) est la suivante :

Un « stress » digestif entraîne automatiquement un stress au niveau des zones émotionnelles du cerveau. Les gens qui ont des restrictions de mobilité viscérales (que j’appelle stress digestif: à cause de séquelles d’infections, d’une mauvaise alimentation, d’inflammations…) ont beaucoup plus de chances d’être stressés.

Je pense aussi qu’on devrait utiliser des techniques de libération somatiques, en compléments des traitements par la parole, pour traiter les troubles psychologiques (et vis-versa !)

J’ai pour projet d’expérimenter des traitements ostéopathiques ou je serai accompagné d’un(e) psychologue. Je traiterai donc le patient pendant qu’il parlera à la psychologue. J’imagine obtenir des libérations plus profondes et faciliter le travail psychologique en parallèle.
Les traitements dits « corps-esprit » sont ce que j’ai pu voir de plus puissant jusqu’à présent.
A l’instant où j’écris ces lignes, je pense à tous ces guérisseurs/chamans/médecins traditionnels… qui me prenaient pour un jeune qui n’avait encore rien compris à la vie, quand je leur racontais que la médecine occidentale séparait parfois le corps et l’esprit…

5) Ouverture : l’Intelligence viscérale…

On entend beaucoup parlé de l’intelligence du cœur. (Super intéressant)
J’aime aussi le concept d’intelligence viscérale dont j’ai parlé dans l’introduction.

Car quand j’entends parler de cerveau et que je suis d’humeur optimiste, je pense à plusieurs choses: Intelligence-Plasticité-Potentiel d’apprentissage-évolution…

Je crois sincèrement qu’on peut rendre notre ventre + « intelligent ».

Pour cela, voici quelques pistes :
Apprendre à être à l’écoute de son ventre…
Exemple: Je me demandais l’autre jour si j’allais manger ou non la mousse au chocolat qu’on me proposait en dessert. J’ai hésité et je l’ai mangé. Après ça, mon ventre s’est mis à gargouiller et à devenir tendu. J’ai compris que je n’aurais pas dû manger ce gâteaux mais surtout, que j’étais en train de développer une relation particulière avec mon ventre car je devenais réceptifs/sensible aux messages qu’il m’envoyait. Il y a quelques années en arrière, j’étais totalement sourd et n’entendais rien de ce que mon ventre essayait de me raconter.
Respirer avec le ventre :
La base ! Tellement important que j’ai prévu d’écrire au moins deux articles sur le sujet. A suivre.
Votre alimentation… :
Idem : Cf articles à venir.
Votre style de vie :
Vivre à 200 à l’heure est le meilleur moyen pour ignorer/oublier son ventre (et s’oublier soi-même d’ailleurs) et le rendre « bête ». Pensez au camping sauvage…

Conclusion : J’espère que votre vision du ventre a un peu évolué. J’espère surtout qu’elle continuera d’évoluer.

En attendant, je vous encourage à chercher d’autres informations, d’expérimenter tout cela par vous-même et de ne pas croire tout ce qu’on vous raconte à la télé.

Typiquement: « Manger 3 produits laitiers par jour », « un bol de chocapic = énergie pour démarrer la journée », « manger beaucoup de viande pour être costaud »… Tout cela est FAUX.

On en reparlera plus tard 🙂

PS: Documentaire à regarder en attendant!!!

A bientôt