Peut-on être musclé ET intelligent ? Interview de Nassim Sahili.

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Qui ne s’est jamais dit que quelqu’un de musclé avait forcément le QI d’une poule ? Ne mentez pas svp, on s’est tous déjà dit ça, au moins pour se rassurer 🙂
Je vous partage aujourd’hui l’interview de Nassim, star des réseaux sociaux et adepte de musculation, avec qui j’ai pu échanger récemment.
Prenez des notes les amis!

 

 

Moi : Peux-tu nous expliquer rapidement ton parcours et ce qui t’a amené à la musculation ?
Nassim : J’ai commencé en 2006, après le bac. Mais à cette époque je ne connaissais pas du tout la musculation, j’étais en licence d’art plastique et je n’avais pas forcément le profil du sportif. Mon frère par contre, faisait du sport depuis ses 5 ans et a voulu me faire découvrir la muscu. Puis petit à petit, la passion s’est développée parce que j’ai remarqué que les progrès arrivaient assez rapidement et que j’aimais me dépasser en fin de compte. Peut-être que c’était dans mes gènes comme mon frère, je ne sais pas, mais j’ai mis un petit peu plus longtemps que lui pour le découvrir 

 

Pour info, Nassim avait dû mettre son master de cinéma (qui ne lui plaisait pas) de côté pour se lancer à fond dans la muscu (qui lui plaisait de + en +) et obtenir son BPJEPS en 2011. Ce dernier diplôme allait lui permettre de commencer à gagner sa vie grâce au coaching. Il avait à ce moment-là déjà validé une licence en art plastique et savais qu’il pouvait potentiellement reprendre les études derrière.
Depuis aout 2016, il a arrêté le coaching personnalisé et vend des programmes de musculation sur son site internet (lien). Il est également propriétaire de VO2 max, une salle de muscu dans le 7ème arrondissement de Lyon.
=> Importance de prendre des décisions et de faire ce qu’il te plaît. Il est très difficile de devenir bon dans quelque chose qui ne plait pas. Nassim inspire aujourd’hui des centaines de milliers de personnes.

 

Comment se passe ta vie aujourd’hui ? 50% à la salle, 40% derrière es caméras à créer du contenu ?
Nassim : Alors bizarrement, la salle c’est peut-être ce qui me prend le moins de temps. Parce que maintenant il y a les employés, ça fonctionne bien, les clients me connaissent. Ça doit prendre environ 30 % de mon temps.
Le reste va être dédié au site internet, aux publications sur les réseaux sociaux, y compris YouTube, qui me prend le + de temps… Puis du travail sur la mise à jour des programmes et la création de vidéo bonus pour les personnes qui suivent le programme..

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Tu gères toi-même tes vidéos ? J’ai vu que tu faisais de la photo également ?
Nassim : Exactement, je fais tout de A à Z. Ça me prend beaucoup de temps mais l’avantage c’est que j’ai tout l’aspect créatif qui repose sur moi. Je peux m’amuser à faire les vidéos, le montage, modifier l’éclairage etc, donc je suis vraiment dans mon élément…

 
Génial ! On va revenir sur le sport pour enchaîner avec les questions suivantes… Quels sont tes objectifs du moment, sportivement parlant ?
Alors ils ont changé depuis 2006. Au début l’objectif était purement esthétique, je voulais me muscler, je voulais qu’on voit que je fais de la muscu…
Aujourd’hui ça a changé, car je sais qu’après 10 ans de pratique, de toute façon, les gains musculaires vont être minimes. Et puis j’ai déjà atteint la grosse majorité de mon potentiel. Mes objectifs sont un mix de performance, santé et encore un peu d’esthétique forcément.
Maintenant mon entrainement s’articule autour des notions de plaisir, de performance, d’efficacité… Donc si je veux être efficace à la salle, je me fixe des petits challenges, que ce soit en terme de charge de travail, du nombre de répétitions… et j’essaye de faire en sorte d’avoir des articulation en bonne santé et des muscles qui me permettent de bouger le plus longtemps possible.
Le gros objectif serait de continuer à pouvoir le servir de mon corps le plus longtemps possible.
Comment est-ce que tu te vois dans 5 ans ?
Personnellement, du point de vue sportif, toujours prendre autant de plaisir à la salle, pouvoir m’entrainer aussi souvent. D’un point de vue pro, toujours me développer en tant que coach et d’essayer de devenir un peu la référence française en tant que coach en musculation. J’espère faire partie des figures qui peuvent transmettre les bonnes habitudes aux personnes qui ne s’y connaissent pas beaucoup.
Qu’est-ce que tu fais la première heure après le réveil ?
Je me réveil à 7h du matin, puis je mange, c’est la première chose que je fais. Vu que j’aime bien prendre le temps pour faire mes repas, je prends le temps de faire mon omelette, mon jus de pamplemousse pressé, mon petit yaourt grec avec mes petits fruits… Donc ça me prend 30-45 min de préparation puis je mange ça tranquillement…
Tu prends toujours le même petit-dèj ou tu varies ?
C’est 90% du temps le même petit dèj. Donc c’est une espèce de routine en fait, ça me permet de penser et préparer la journée qui arrive… Ce n’est pas de la méditation mais presque !
J’ai ensuite une petite heure ou je ne fais pas grand-chose. Je digère, je prépare un peu la journée mais je vais surtout me retrouver seul avec moi-même. Je n’ouvre pas mes mails pendant ce temps-là par exemple…
Comment gères-tu ton sommeil ?
Je m’endors avant minuit, il me faut au moins 7h de sommeil ! Quand j’ai besoin, je prends le temps de faire une sieste éventuellement. Mais tout dépend de mes besoins, pas de routines particulière au niveau de la sieste…
Qu’est-ce que tu prends (en ce moment) comme compléments alimentaires ?
Protéine en poudre (whey), ensuite créatine et omégas 3.
Mélatonine pour dormir, j’ai ajouté ça depuis environ un an. Vu que ça m’arrive souvent de passer du temps devant mon écran avant de dormir, je me suis dit que ça pouvait être intéressant alors je teste et pour l’instant je ne suis pas déçu. J’ai lu des études qui prouvent qu’il n’y a pas de phénomène d’accoutumance et que la sécrétion de mélatonine redevient naturelle après l’arrêt des compléments.

Note : Les écrans inhibent la sécrétion de mélatonine, hormone du sommeil qui permet de nous endormir. D’où l’idée d’éteindre les écrans une heure avant le coucher si possible. 
Curcuma, depuis plusieurs années, parce que j’avais lu que ça pouvait être très bénéfique d’un point de vue santé, notamment pour ses vertus anti-inflammatoire.
Spiruline, aussi pour l’aspect santé, et je crois que c’est tout.
Peut-être un peu de caféine et acides aminés en pré-entrainement. Une à deux fois par semaines, alors que les autres compléments c’est tous les jours.
J’ai eu testé plus de choses (genre glutamine et BCAA etc) mais plus le temps passe et plus j’écrème. Parce que déjà c’est chiant de prendre des pilules, et je sais très bien qu’après dix ans de muscu, ça ne va pas me faire prendre 5 kg de muscles.

 


Est-ce que tu te sens plus en forme aujourd’hui, par rapport à la période pendant laquelle tu faisais des compétitions de fitness ?
Alors je me sens mieux maintenant. Tout simplement parce que ma pratique est moins « extrémiste ». Quand j’étais jeune, je faisais des régimes drastiques, et quand je n’étais pas en préparation de compétition, je mangeais n’importe quoi. Je m’entrainais très dur tout le temps. Maintenant je sais réguler mon entrainement et mon alimentation. Je suis aujourd’hui moins strict sur la diet mais mes choix en termes d’alimentation sont plus intelligents, et pareil pour l’entrainement, je sais quand je peux m’entrainer dur et quand je dois réduire un petit peu le volume et l’intensité de mes entrainements.
Donc oui, je me sens mieux maintenant, il y a moins d’extrême, c’est plus régulier et avec mon âge (29 ans), je mérite d’avoir un peu plus de régularité!

 


Est-ce que c’est parce que tu as été dans les extrêmes que tu penses comme ça aujourd’hui ?
Absolument ! Sûr et certain ! Je pense que si je n’étais pas passé par ces petites phases d’erreurs, je ne verrais pas la muscu comme ça aujourd’hui. Pendant les 4 dernières années, je me suis concentré sur « comment prendre plus de plaisir et l’entrainement et dans mon alimentation, tout en ayant les meilleurs résultats possibles ». Alors qu’avant, je m’en foutais du plaisir avec la diet, idem avec l’entrainement, je voulais du résultat. Ce qui pour moi est une conduite que l’on ne pas tenir sur le long terme.
Donc tu es plus heureux aujourd’hui ?
Totalement ! Et grâce à l’expérience que j’ai, je sais ce que qui me convient, quels exercices me conviennent et dans quelles condition les faire …
Tu parlais des erreurs que tu as pu faire… Quelles ont été ces erreurs ?
En termes d’entrainement, ça a été de vouloir trop suivre ce que je voyais sur internet et sur les magazines… Et j’avais un petit peu cette philosophie de « si ça ne fait pas mal c’est que ça ne fonctionne pas » #nopainnogain. Donc je cherchais vraiment çà… il fallait que ça fasse mal. Sauf que je ne connaissais pas la différence entre « douleurs lié à la sollicitation musculaire et douleur articulaire ».
Je ne connaissais pas aussi bien mon corps que maintenant. Donc ça c’était une grosse erreur ! Heureusement je ne me suis pas blessé ! Mais je pense que j’aurais pu, j’ai eu de la chance. C‘est une grosse erreur que j’ai fait et je ne l’a ferait plus jamais.
Après niveau diet, c’est de penser que «manger en grosse quantité permet de prendre beaucoup de muscle ». Donc ça aussi c’est une erreur. Je me suis retrouvé à un poids de corps et un taux de masse grasse beaucoup trop élevé. Je remplissais mes t-shirt j’étais content. Mais d’un point de vue santé, heureusement que je l’ai fait en tant jeune parce que ça aurait pu avoir des conséquences !
Donc tu privilégies maintenant la qualité à la quantité, tu as épuré beaucoup de choses ?
J’ai totalement épuré ! Absolument.
Peux-tu me décrire 2 expériences qui t’ont appris beaucoup de choses, dans ta vie, d’un point de vue global ?
La première a été mon voyage à Miami en 2011, pour ma première compétition. C’était la première fois que j’allais aux US. Je pensais avoir un super niveau et je suis arrivé là-bas, j’ai vu les gars à côté de moi et je me suis dit… « en fait je suis une merde ». « Ça fait 5 ans que je fais de la muscu et je suis à côté de gars qui s’entrainent depuis deux ans et ils sont énormes ». Alors ok peut-être qu’ils prenaient des produits que je n’utilisais pas. Mais en tout cas, ça m’a bien remis les pendules à l’heure, j’ai pris du recul, et dès que je suis rentré en France, j’ai tout réorganisé en terme d’entrainement et je me suis dit « là il ne faut plus faire les choses au hasard, il faut vraiment que je contrôle mes résultats le + possible ». Donc ça a été une rupture dans mes entrainements et ma diet.

 

La deuxième expérience s’est passée en octobre 2013, pour une compétition qui s’appelle la « Arnold Classique » qui avait lieu en Espagne, j’avais décidé de travailler avec un coach . Et ça a été une mauvaise expérience car je me suis rendu compte que certains coach se foutaient des résultats de leurs clients. Moi je pensais que tout était rose et que les coachs faisaient tout leur possible pour faire progresser leurs clients qui leur donnaient de l’argent. Je me suis retrouvé sur une préparation de 4 mois un peu abandonné, j’avais des questions mais pas de réponse. Donc ça a été une mauvaise expérience qui m’a permis de comprendre « que c’est bien d’être coach, mais il va falloir être un bon coach ». J’ai donc pris du recul sur ma pratique et mon métier de coach.

 

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Tu disais tout à l’heure que tu voudrais devenir une figure influente du fitness en France, est-ce que tu as une stratégie particulière par rapport à ça ? Hormis les réseaux sociaux, est-ce que tu fais des conférences, est-ce que tu as prévu d’écrire des livres etc ?
Alors écrire des livres, oui. C’était un projet qui me tenait à cœur mais je ne savais pas comment m’y prendre. Et là justement on m’a proposé l’écriture d’un livre il y a deux mois. Le sujet sera un peu grand public, sur le ventre plat, ou « comment développé ses abdos ? » par exemple. Moi ça me mets un pied dans l’étrier, et je sais que par la suite, je pourrai probablement faire un truc plus personnel.
C’est une excellente opportunité pour s’adresser au grand public. Car c’est justement ça l’objectif, j’aimerais qu’on puisse dissocier l’image du bodybuilder un peu « stupide ». Mais malheureusement c’est l’image que j’avais quand j’ai débuté la musculation. Je pensais qu’on ne pouvait pas associer une pratique de la musculation à un niveau élevé et une certaine intelligence. Ce qui est bizarre car maintenant je me rends compte que les deux sont indissociables.
J’aimerais bien faire comprendre au grand public qu’on peut être musclé, bien s’exprimer et avoir une vision flexible de la musculation et de la diet. Sortir de l’image « manger du cabillaud et des brocolis toute la journée ». J’essaye de mélanger un peu tout ça : l’esthétique, la performance, la santé et de dépoussiérer le mythe du bodybuilder.
Donc tu es dans cette démarche de développement personnel en permanence…Aujourd’hui, l’apprentissage de nouvelles choses représente combien d’heures par jour pour toi ?
Au moins une heure et demie par jour ! Hier d’ailleurs je suis tombé sur une conférence sur la physiologie de l’entrainement, je l’ai regardé d’un coup. Je me laisse en général une heure dans la journée pour aller voir des sites qui regroupent des études scientifiques intéressantes. Ça me permet de voir les nouveautés en permanence…
Selon toi, a quoi est du cette curiosité/envie d’apprendre ?
Justement. Je ne voulais pas qu’on me voit comme un coach qui fait de la « bro-science » (fait non avérés reporté par des sportifs, non scientifiques). Je veux des méthodes qui marchent sur tout le monde, pas seulement sur moi…
Envie de ne pas passer pour un blaireau en fait ?
Envie d’être le meilleur possible dans mon métier. Je ne veux pas qu’un jour un pratiquant arrive vers moi et me dise « Nassim tu m’as dit de faire des séries de 12 mais moi j’ai vu cette étude qui m’a conseillé de faire ça ». Je veux pouvoir lui expliquer clairement pourquoi je lui fais faire ça.
Quels sont les deux livres qui t’ont le plus inspiré ?
Rien à voir avec la muscu. Je lis beaucoup de choses sur le développement personnel… Je dirai « les 48 lois du pouvoir » de Robert Green et « La semaine des 4h » de Tim Ferriss
Génial que tu connaisses ces auteurs! Et quel est le conseil que tu donnerais à ta propre personne 10 ans plus tôt, avec l’expérience que tu as aujourd’hui ? (Conseil au petit Nassim de 20 ans)
Ca va peut-être sembler prétentieux mais bizarrement, j’avais déjà une vision assez claire à 20 ans, de ce que je voulais faire et accomplir. Je n’ai jamais été « perdu » à chercher mon chemin en fait, j’ai toujours eu confiance en moi, même à 20 ans ou 15 ans.
Mais quand j’étais plus jeune, j’avais tendance à procrastiner. Ça fait peu de temps que j’arrive à organiser mon travail de façon à en tirer des bénéfices rapidement. Le conseil serait de ne pas procrastiner, de ne pas remettre à plus tard. Quand tu peux le faire : fais-le. Car les années que tu peux gagner sont importantes et elles passent très vites…
Un conseil que tu donnerais à ton fils avant de mourir ? (Nassim n’a pas d’enfants, question fictive)
Fais ce qu’il te plait ! Vraiment. Mes parents ne m’ont pas forcément dit ça, mais ils m’ont fait comprendre que si je voulais faire quelque chose qui me plaisait, il n’y avait pas de raison de ne pas le faire. Quand je leur ai dit que j’allais faire une licence en at plastique après un bac scientifique, et bien ils ont fait un peu la gueule, ils auraient préféré que je fasse du droit ou quelque chose d’un peu plus carré…
Mais il n’y a jamais eu d’interdiction, et indirectement, ils m’ont fait comprendre que je pouvais faire absolument tout ce que je voulais et que je pouvais vivre de quelque chose qui me plaisait. Et maintenant c’est le cas, je m’amuse à fond avec la musculation. C’est ce que je dirais à mon fils : trouve une façon de vivre avec ta passion, c’est le plus important.
Pourquoi as-tu toujours eu confiance en toi ? Est-ce que c’est les conditions dans lesquelles tu as grandi qui t’ont permis de développer cette confiance selon toi ?
Je pense que j’ai eu d’excellentes conditions oui. Une bonne éducation de la part de mes parents, une famille qui me supportait : mes parents, mon grand frère, une petite sœur aussi qui a peut-être été moins influente vu qu’elle était plus jeune, mais disons que j’ai toujours eu cet environnement qui me permettait de me sentir capable de faire ce que j’avais envie de faire.
Puis toute la culture des années 90 avec les gens que je voyais à la télé (Schwarzenegger, Stalone, Bruce Lee, Jacky chang, Zidane…) qui nous disaient qu’ils venaient d’un milieu pauvre et qu’ils avaient accompli de grandes choses. Alors pourquoi pas moi ? Je pense que cette croyance s’est aussi « imprimée » en moi à ce moment-là .


Est-ce que tu aurais un message particulier à faire passer aux jeunes. En particulier à ceux qui mangent mal et passent du temps devant la télé/jeux vidéos ?
Les jeunes veulent avoir tout, tout de suite. Effectivement on peut avoir des choses plus rapidement qu’avant maintenant, mais certains ont l’impression que ça peut être obtenu tellement rapidement qu’ils ne font rien. Ils pensent que tout est facile et qu’il n’y a pas forcément à bosser derrière ! => Erreur!

 

 

 

 

Un grand merci à Nassim pour cette interview, qui vient de me prouver qu’on peut être musclé et poster des photos torse-nu sur les réseaux sociaux, tout en étant intelligent et ouvert d’esprit.
Toujours un plaisir de remettre en question mes préjugés et croyances limitantes 🙂